"Kahjé ? Jamais posé les pieds."

Si ce n'est des holo, En'Dal ne vit jamais rien d'autres de cette planète où son peuple avait trouvé refuge. Quelques souvenirs disséminés dans l'habitation... Et le matériel de son père, sans doute. Contrairement à bien des siens, ce drell ne naquit point sur ce monde à l'air saturé d'humidité. Non, Vheïn Tennhm en décida autrement... Et Adon eut la bonté de la suivre sans trop faire d'histoire. De ce qu'il y a à retenir des motivations de la mère : épargner à son enfant à naître de souffrir du syndrome de Képral. Mais d'entre tous les lieux que le couple eut pu choisir comme nouvelle 'maison', ils se décidèrent pour l'un des moins recommandables, si ce n'est le moins recommandable : Oméga. La faute à papa d'être assassin, comme tout drell soumis au Synacte. De cela aussi, Vheïn voulait s'éloigner.

Les moyens ne manquèrent point à la famille en devenir, et Adon fit jouer ses relations : un chef de l'un des grands groupuscules infestant la station lui devait en grande partie sa position... Et l'individu eut la clarté d'esprit de ne pas faire mine d'avoir oublié. Il eut  donc pour surprise de voir ce duo de drell, dont un assassin aux talents non négligeables, devenir ses voisins. Non content d'ouvrir un bar, ce qui coulait de source. Adon fut un temps surveillé, mais pas bien longtemps : il semblait vraiment vouloir vivre une gentille vie sur Oméga. S'il était fou d'avoir choisi cette station pour ça, c'était son problème. Et que Vheïn mette au monde son enfant dans cet univers laissa bien des membres de gang sur le cul... Quand ils n'en avaient tout bonnement rien à foutre, bien sûr.

Certains se rappelèrent de toute l'histoire quand une balle se logea dans leur tête - bonnes munitions incendiaires pour les vortchas et les krogans -, après que leur soit venue l'idée de faire mumuse avec un gamin drell traînant dans les parages. Mais trop tard, comme il se dit.

Dans ce joyeux univers à la criminalité non négligeable, peuplé d'adorables vortchas et d'espèces plus douces les unes que les autres, En'Dal grandit, laissant bien vite derrière lui les illusions de gosses de son âge. Mais sans grand mal. Rester enfermés plusieurs jours d'affilés quand les gangs étaient particulièrement remontés n'était juste pas une rareté, pour la petite famille. Son éducation se fit via ses parents, ainsi qu'Extranet - une école, à Oméga ? Avec ses petits écoliers vortchas, aux omni'tech garnis de cours à réviser le soir pendant que papa va discuter avec les gars du gang adverse ? -. Pour être exacte, Vheïn fut son principale professeur dans dans les domaines généraux, Adon étant régulièrement absent. Mais à son retour, En'Dal profitait de leçons de tirs et de combat. Rien que du très utile sur la station.

Si ce n'est que papa drell finit par ne pas revenir. Après des mois sans nouvelles, un En'Dal d'une quinzaine d'années était bien assez grand pour comprendre. Ensuite, savoir d'où lui vint cette idée comme quoi, tenir une arme, c'était tenter quelqu'un de lui tirer dessus, est une autre affaire. Complètement stupide. Mais le gamin tint quand même bon dans sa résolution de ne plus manier une arme. Même le fusil à pompe du bar. Madame Tennhm en usait fort bien pour deux, cela dit. Sauf quand Cerberus débarqua. Il ne faut pas trop en demander à une drell isolée avec son gamin.

Les baies d'amarrage des vaisseaux étant l'un des points névralgiques que le groupuscule visa, En'Dal et sa mère se retrouvèrent - ils ne furent pas les seuls dans ce cas, bien sûr - coincés sur Oméga, en compagnie d'une horde de soldats humains endoctrinés. Pas de bons voisins. Les drells se réfugièrent tout naturellement dans leur bunker-maison quand tout commença à... Péter, disons. Les Moissonneurs ne furent pas leur problème premier. Se débrouillant pendant un temps, à récupérer ce dont ils avaient besoin au cours d'exploration dans les conduits, les choses se dégradèrent pourtant...

Communications coupées. Pas de ravitaillement. Pas de remède.

Le syndrôme de Képral rattrapa Vheïn comme un Volus lâché devant un omni'tech ayant accès à un compte en banque saturé de crédits. Quelques semaines, et la vie de la drell fut soufflée. Restée dans la maison pour se "reposer", elle s'éteignit, tout simplement. Une mort sans gloire ni tragédie, qui laissa un goût amer dans la bouche du jeune drell quand il revint. Une mort sans violence, mais une mort tout de même. Ce fait, ainsi que les soldats rodant, lui mit du plomb dans la cervelle. Assez pour se saisir à nouveau d'une arme. Nul coup d'éclat de sa part durant les temps sombres qui suivirent... Si ce n'est quelques hommes de Cerberus de descendus. Pour avoir fait sauté la maison, et le corps de Vheïn qu'En'Dal n'était pas encore parvenu à livrer à l'espace, plutôt qu'à la pourriture sur une station infestée d'endoctrinés.

Le moment venu, le drell laissa Aria & Shepard (surtout Aria, supposa-t-il) se faire plaisir avec Cerberus, et nettoyer le terrain. Dans le calme - CALME ! Sur Oméga, merde ! - qui suivit, alors que tous s'occupait de se remettre sur pieds - littéralement, pour certains - En'Dal en fit de même avec son "chez-lui" en ruine, bénéficiant toujours des réserves parentales, laissant la Grande Guerre se dérouler dans le reste de la galaxie... A la vérité, il ne se sentait presque pas concernée. Solitaire, un Moissonneur eut pu se présenter et rayer de la carte galactique Oméga qu'il n'eut pas réagi plus que nécessaire : plus grand chose de précieux valant de se bouger le cul, autre que le bar et sa maison. Enfin, son bar et sa maison. Bizarre de le vivre, bizarre de le penser. Un brouillard de morosité lui tomba sur le nez, et il ne fit pas grand chose pour s'en défaire, rouvrant l'établissement comme si de rien n'était. Quand les rivalités reprirent, En'Dal ne changea pas de refrain. Un petit quotidien bien rodé, à une exception près : quand le commerce n'allait pas fort, il fallait bien veiller à préserver les réserves.

Station Terminus fermée, En'Dal sur le départ pour diverses petites missions, profitant - juste un peu - de la réputation d'Adon. Le drell fut vaguement content de revenir vivant à chaque fois. Le bar rouvrait, il se postait derrière le comptoir, et ainsi de suite. S'éveillant juste ce qu'il fallait quand un client menaçait de se faire abattre. Oh, une cible des Soleil Bleu ? Pas grand chose à en faire, le jeune barman récidivait, sauvant la peau de gars dont il ne reverrait pas le visage juste comme ça, pour passer le temps. Ou parce que les têtes qui sautent, c'était lassant. Il fut presque surpris quand un flingue Soleil Bleu le prit, lui, pour cible un jour. Ripostant comme il sied à la situation, En'Dal s'en tira. Et dut le faire un bon nombre de fois ensuite : fallait croire qu'il s'était mis quelque personnes à dos. Et le "copain" de son père avait dû trépasser pendant la Guerre : plus de protection autre que celle de son propre flingue. Le faisant sans broncher dans un premier temps, puis avec hargne quand les meubles commencèrent à souffrir, le propriétaire du Terminus - qui gagna le surnom de "Passage à Tabac", tiens - trouva pourtant bon d'engager un mercenaire pour l'épauler. C'est que son épaule s'était prise plus de tirs que de raison.

Après quelques gars qui tinrent quelques jours au plus avant d'être largués dans le grand vide, il finit par tomber sur un valide : une saleté de krogan joviale qui trouva très drôle de se prendre une grenade à plasma dans la figure. Ou plus exactement, le reste de puissance de la déflagration, qui avait été atténuée par la tête de butarien dans laquelle Kror - le p'tit nom du krogan - avait fourré la grenade, avant de balancer le cadavre explosif sur ses compagnons Soleil Bleu. Pour la peine, le mercenaire eut droit à une journée de bouteilles de Ryncol gratuites - le reste du temps, c'était retenu sur sa paie -. Le salaud - dira En'Dal - ne se fit pas prier pour en profiter.

Ainsi débuta une petite série de cocktails spéciaux, aux nomq peu recherchés - mais ce n'est pas vraiment ce qui intéresse Kror - mais explicites : Butarien explosif, Turien castré, Humain piétiné... Quiconque commandera l'une de ses boissons verra un énorme krogan vouloir faire ami-ami avec lui.

Depuis, entre une fusillade et une pique du mercenaire increvable, le drell commence à vaguement s'interroger sur ce qu'il fiche encore à Oméga.

En'Dal n'est pas une personne cherchant à se faire remarquer. Rasant plutôt les murs d'une démarche souple, rapide et silencieuse, il porte la plus souvent des tenues de simples civils (préférence pour une sorte de sweat marron claire à la couleur passée) qui pourraient presque le faire passer pour un sans-domicile sortant tout droit des tréfonds d'Oméga. Presque. Il reste tout de même trop propre par rapports aux vortchas &  autres races violentes habitant la station, et dont l'hygiène n'est pas la priorité. Elle ne l'est pas non plus pour lui, mais il en fait preuve un minimum. Question d'éducation sans doute. Et son milieu de vie explique le pistolet à canon lourd qui ne quitte pas sa hanche. Le fusil à pompe reste plutôt dissimulé sous le comptoir.

N'appartenant pas à une race particulièrement impressionnante physiquement, il possède une silhouette fine de 1m71 de haut pour 62 kilos. Un poids plume bien sûr, mais En'Dal n'a jamais eu d'attirance particulière pour la méthode krogan (foncer dans le tas en encaissant sans soucis grâce à une régénération hors du commun... Ce qui est loin d'être son cas). Il favorise la discrétion (beaucoup de discrétion quand il en a l'occasion), l'agilité et un tir juste. Même en pleine roulade. Surprenant pour un civil, mais il possède des antécédents familiaux, et s'entraîne quotidiennement, en plus d'avoir des "contrôles" musclés & armés régulièrement. Merci chers 'voisins'.

En accord avec sa mentalité, la face aux écailles bleutées de ce Drell abhorre le plus souvent une expression proche de la contrariété confirmée. Pas tout à fait en colère, mais pas détendu non plus. Bref, 'faire la gueule' est une expression lui allant comme un gant. Impression renforcée par son regard sombre et invitant moyennement à une discussion agréable. Quant à sa voix, basse et le plus posée, elle fait le même effet que celle de ses semblables, à tout humain n'ayant pas côtoyé de drell : l'impression qu'il use des logiciel pour moduler sa voix et lui donner des intonations apparentées à celles des synthétiques.

La vie a fait du naturel calme et doux d'En'Dal quelque chose de plus sombre, cynique et râleur. Vivre sur Oméga n'allait pas non plus en faire un gai luron offrant des fleurs aux passants. Faire cela avec un vortcha doit être hautement perturbant, d'ailleurs. Sa méfiance n'est guère dissimulée, et s'accompagne d'une attention toute particulière pour ses vis-à-vis, ou tout simplement les personnes se trouvant dans son entourage immédiat. Compter les armes découvertes, et celles dissimulées fait parti de ses passe-temps. Non, il n'est pas paranoïaque... Ou très légèrement. Ou il s'agit simplement d'un instinct de survie exacerbé.

Dire qu'En'Dal préfère voir le verre à moitié vide plutôt qu'à moitié plein n'est pas vraiment véridique. Son avis sur la question est qu'il préfère prêter attention aux armes que des emmerdeurs commencent à sortir dans son établissement, ou aux meubles qui ont subi leur lot de tirs - objets précieux retirer du 'front' depuis longtemps -, qu'apprécier le rouge du ciel et le sourire d'un butarien. A force de jouer de la gâchette, il aspire au calme et à la détente. Ce qui est disponible en quantité limité sur Oméga, avec des membres de gang adorant venir l'astiquer. Il se défend, mais sans chercher à atteindre la source de la menace au cœur. Pas suicidaire, il survit, mais ne rechignera pas à tenter sa chance s'il est plus probable qu'il réussisse son coup que d'être un énième cadavre livré au vide de la galaxie. Il ne sait pas encore comment il aimerait mourir - d'une mort paisible, ou ayant servi à quelque chose peut-être ? - mais pas de cette manière-là.

Malgré tout cela, il se trouvera quelques personnes, l'ayant fugitivement rencontré ou côtoyé pendant quelques temps, pour dire qu'il a tout de même un bon fond sous ses airs de solitaire peu sociale tenant en premier lieu à sa vie, et à elle seule. Malgré-lui - dira-t-il -, il tente parfois d'intervenir, à son niveau, dans de potentielles exécutions, en avertissant les cibles que leur tête est mise à prix, voire que des exécutants sont déjà là, grâce à ses quelques sources ou de simples observations. Quant à s'il prend vraiment parti en sortant son arme, en abritant la personne chez lui... Il le fait aussi. Mais cela le met de mauvaise humeur.

Le bar Terminus, tout le monde descend Station Terminus a été ouvert il y a plus de 20 ans, par le couple de drells fraîchement arrivés Adon & Vheïn Tennhm. En'Dal a donc vécu - littéralement - dans ce bar (l'espace habitation se trouvant juste derrière : les deux sont séparés par une lourde porte dont le blindage résiste à la plupart des armes, ainsi qu'un couloir piégé). Affaire familiale donc, qui n'a jamais cherché à rivaliser avec l'Au-Delà. Un simple bar d'une trentaine de mètres carrés où il était possible de se poser dans un calme relatif (Ryncol disponible). Durant la guerre, établissement comme maison furent saccagés. Ce ne fut qu'une fois Cerberus mis dehors par Aria & Shepard qu'un En'Dal sortant de sa planque tâcha de rendre l'endroit à nouveau fonctionnel.

Si le service sembla reprendre 'comme avant' pendant un temps, qu'il se soit mis à dos des membres de gang à rendu l'endroit dangereux. Au quotidien, tout semble allez bien, si ce n'est une légère tension dans l'air... Mais les boissons sont toujours versées, sous le regard du drell et d'un mercenaire engagé comme sécurité supplémentaire [Dernier en date : Kror; krogan: âge indéterminé; défiguré au bout de sa deuxième semaine par une grenade à plasma, se marre bien depuis]. En effet, il n'est pas rare qu'un petit groupe des gangs débarque sans prévenir et déclenche aussitôt une fusillade. Blessés ou morts, ils ont toujours fini par repartir jusqu'à aujourd'hui. Cependant, cela explique que la clientèle se soit essentiellement réduite à des gars du coin ne redoutant pas trop des tirs perdus... Ou appréciant d'assister à cette lutte. Cependant, ils évitent de prendre parti.

Du fait de cette habitude, les habitants les moins recommandables d'Oméga comme une part des "honnêtes" gens ont fini par appeler la Station Terminus "Le Passage à Tabac". A chaque nouvel affrontement, la question qui se pose est la suivante : quand le Drell cédera-t-il ? La seule raison pour laquelle il n'a pas subit d'assaut massif est les divers explosifs disposés sur les lieux : dans les conduits de ventilation, comme dans le couloir menant à la maison (pouvant donc faire office de bunker, d'une certaine manière). Bref, autant de moyens qu'a En'Dal d'humilier encore son ennemi en survivant.