Notre histoire débute sur la planète la plus harmonieuse qui puisse exister, celle qui devrait servir d'exemple à la Galaxie entière, celle qui donne une leçon de vie à ces peuples imbéciles occupant les cieux étoilés et qui saccagent leurs terres, se pillent les uns les autres ou s'étripent au nom de futiles prétextes : Kahjé. Le monde natal de Xantios est recouvert d'océans, mais il n'est toutefois pas né dans l'une des enclaves sous-marines existantes. Il vit, au contraire, le jour sur l'une des rares îles parsemant la surface aqueuse sans fin, dans le cratère gigantesque d'un volcan éteint depuis des millénaires.

S'installer en ces lieux était une évidence pour ses congénères : le sol était fertile, fruit d'une composition terreuse très spécifique, et les voies commerciales se développaient aisément grâce à une position géographique des plus avantageuses. Rapidement, le simple village qu'avaient bâti les Drells, à la sueur de leurs écailles, en arrivant de Rakhana devint une ville, puis une cité importante sur Kahjé. A l'apogée de sa gloire, elle fut si développée qu'elle en vint à devenir le spatioport d'arrivée pour le transit officiel. Le nom de cette cité ? Dellima.

Mais revenons à notre protagoniste. Xantios pousa donc son premier cri le 12 Janvier de l'année 2151, au début de l'âge d'or de la métropole Drell, de Solia, mère au foyer, et Kopiol Las, tenancier d'un restaurant de spécialités de Rakhana, des recettes qu'il tenait de ses aïeux. Dernier arrivé d'une fratrie comptant quatre membres -deux soeurs, un frère- sans pour autant avoir un écart phénoménal au niveau de l'âge avec eux, il connut une enfance des plus lambda.

Pas de syndrome de Képral, pas de Synacte. L'on pourrait presque qualifier ses premières années d'ennuyeuses, entre jeux avec les amis de son âge, petites bagarres par-ci par-là avec quelques caïds qu'il ne parvenait pas à supporter, accomplissement spirituel grâce aux enseignements Hanaris et scolarité couronnée de succès. Toutefois, cela lui convenait à merveille. Il se sentait entier, partie d'une machinerie extrêmement bien huilée. Il avait un rôle, tant dans sa famille où il allait aider son père de temps à autre en cuisine, que dans ses relations, où on venait le voir quand on avait un problème. C'est un fait connu : les Drells ont un code d'honneur auquel ils se tiennent, et Xantios en a été la parfaite illustration dès ses premières actions. Peut-être à cause des hololivres qu'il avait avalé par dizaines étant petit, à mi-chemin entre la propagande concilienne et l'enrichissement culturel enfantin, peut-être à cause des jeux holographiques auxquels il a joué très tôt, qui faisaient montre des valeurs que devait avoir un héros, ou peut-être tout simplement parce qu'il a rapidement compris qu'en adoptant cette particularité, il se constituait toujours plus d'alliés, était toujours plus apprécié. Sauf par les petits merdeux, les nuisibles à l'engrenage, évidemment.

Jusqu'à la fin de son adolescence, il en mena, des négociations, autant avec sa langue qu'avec ses poings. A brute, langage de brute. Et ce n'est certainement pas les Krogans qui prétendraient le contraire. Certains sont plus têtus qu'un Galarien en train de mener une expérience et, dans ces cas-là, l'affrontement physique reste l'unique solution. Oh, il ne tenait pas une forme olympique et n'était pas un fada des arts martiaux, si bien qu'il lui est également arrivé de prendre de violentes et humiliantes déculottées. Mais, apprenant toujours plus de ses succès comme de ses erreurs, il se mit à comprendre ses faiblesses, à trouver un moyen de les contourner, à se forger toujours plus de fidèles alliés qui l'aidaient lorsqu'un problème devait être résolu.

Spirituellement, cela n'entrait pas en conflit avec ses croyances. Il faisait cela pour aider son peuple -enfin, ses amis, à ce stade, mais mégalo' sur les bords, il aimait à amplifier la chose-, si bien qu'agir de la sorte ne faisait que l'accomplir plutôt que de le démolir -pas comme le portrait de ses adversaires défaits, en bref-. Et puis, au fil des années, les poings et les pieds firent la place à un charisme appuyé par une assurance marquée. Ce qui lui servit dans tous les domaines : autant pour aider les autres que pour convaincre quelqu'un, son éloquence ne fit bientôt plus aucun doute. De plus, en vieillissant, les plus nuisibles individus s'échappaient vers d'autres contrées, éjectés par un système ne leur laissant aucun répit, aucune marge de manoeuvre, ou alors finissaient par entendre raison, chose qui n'était pas pour déplaire à Xantios. Si d'anciens caïds finissaient par s'assagir et évoluaient, c'était tant mieux ! Beaucoup mieux que de les voir filer vers les Terminus pour se lancer dans une carrière de mercenaire de bas étage salissant la réputation de son peuple. Des erreurs de jeunesse, tout le monde pouvait en commettre, et ne pas l'accepter était signe d'une profonde imbécilité. Si bien qu'au fil des années, alors qu'il maitrisait de mieux en mieux ses mots comme une arme pacifique, certains de ses "ennemis" -disons plutôt rivaux- devinrent de précieux et fidèles alliés à leur tour.

Bien sûr, fort d'une telle popularité, le Drell en profita. Sa couleur de peau spéciale, associée à un soin tout particulier à son apparence et supportée par un esprit vif et charismatique, interpellait ses connaissances de la gente féminine, pour la plupart Drells. Il n'est pas peu fier d'avoir réussi à charmer une Asari particulièrement jolie, dans le cadre d'une simple visite de Dellima, qui était en passe de devenir Matrice, et c'est de peu qu'il a échappé au désir de cette dernière de vouloir se mettre avec lui pour fonder une famille. Nan, mais une famille à à peine vingt ans ? Faudrait être fou ! Toutefois, avec les années, il s'assagit et eut quelques relations plus ou moins sérieuses, bien qu'il soit aujourd'hui toujours sans compagne.

Avant ses vingt-deux ans, Xantios ne quitta jamais sa chère planète, n'ayant que peu d'intérêt à aller voir ailleurs. Etonnamment, ce fut cette Asari qui faillit le poursuivre pour se mettre définitivement avec lui qui lui donna envie de rencontrer les autres peuples, visiter les autres mondes. Mais les voyages interstellaires coûtaient chers, et les Las ne roulaient pas sur les crédits. Ce fut donc en économisant pendant de longs mois et en se serrant les coudes avec quelques amis qu'il parvint à quitter les océans infinis de Kahjé pour se risquer dans les étoiles. Evidemment, pas idiot, ni téméraire, il ne se risqua que très peu à la frontière des Terminus et resta majoritairement dans l'espace Concilien, la sacro-sainte autorité qui leur garantissait une sécurité. Le lieu qui l'estomaqua le plus, sans surprise, fut la Citadelle.

Ce périple dura un mois et demi et, en revenant sur Kahjé, il était quelque peu sans le sou. Fort heureusement, sa famille l'hébergea le temps qu'il fallut pour qu'il retrouve un appartement, un boulot, bref, un équilibre. S'associant avec son frère, Silio, ils montèrent une petite boite de transports. Les premières acquisitions de vaisseaux furent compliquées, mais grâce à leur intelligence, à leurs dons oratoires, les Las n'eurent pas de difficultés particulières à transformer leurs débuts difficiles en véritable affaire, bénéficiant de l'attractivité de Dellima par laquelle passaient les principaux flux de marchandises, d'argent, et cetera. Les anciens ennemis de Xantios, ceux qui n'avaient pas sa vivacité d'esprit, mais qui se débrouillaient particulièrement bien au combat sans pour autant être assez bons pour être sélectionnés par un Synacte exigeant, furent engagés comme les gardes de ses vaisseaux. Le sombre Drell n'était pas quelqu'un qui oubliait ses connaissances.

Profitant tranquillement de sa vie, toujours très proche de sa famille et des traditions, Xantios profita de l'essor de sa boite pour se développer sur Kahjé, devenant un poids sur lequel il fallait compter. Empêchant les Volus de venir pourrir le système financier de Kahjé en se l'accaparant, il s'allia avec plusieurs compagnies par le biais de contrats, de partenariats, organisant un véritable blocus contre eux. Ce qui était sur Kahjé devait rester aux Drells et aux Hanaris. Se laisser prendre dans le magma économique de la Galaxie était le meilleur moyen de broyer l'harmonie qui régnait sur la planète océan, et beaucoup de personnes lui donnaient raison. Attention, il n'était pas pour une autarcie complète. Simplement pour une certaine valorisation des produits locaux et la main-mise par son peuple et les Hanaris sur tout ce qui se passait sur Kahjé.

Puis vint la Grande Guerre. Xantios n'avait pas la formation des assassins du Synacte, ni la brutalité des Krogans, encore moins la discipline militaire des Turiens, la technologie des Galariens ou l'héroïsme des Humains. Mais ce qu'il avait, avec son frère, c'était une véritable petite flotte de vaisseaux marchands qui ne demandaient qu'à être modifiés pour devenir de vrais supports de bataille, et une expérience non-négligeable dans la gestion et le déploiement. Contactant quelques Quariens avec qui il avait fait affaire au fil des années, il leur demanda conseil. C'était eux, les experts en vaisseaux de la Galaxie. Se passer de la sagesse acquise par des années d'exil dans une Flotte aurait été complètement idiot. Ce fut donc en s'inspirant de leurs idées que le Drell en vint à modifier l'ensemble de ses vaisseaux, les armant, modifiant les systèmes de navigation, remplaçant certains compartiments de modèles bien spécifiques. Au final, il se retrouva avec une cinquantaine de vaisseaux, prêt à aider l'ensemble des races menées par Shepard. Le sombre Drell pouvait être fier de voir que parmi ses employés, aucun ne le lâcha, comme lui ne les avait jamais lâchés. Ainsi, lors de l'assaut final sur la Citadelle en orbite autour de la Terre, les Las et leurs compagnons étaient de la partie, supportant autant qu'ils le pouvaient les véritables vaisseaux de combat. Soyons honnêtes : même avec les plus importantes modifications possibles et imaginables, leurs véhicules restaient de simples vaisseaux de marchandises, si bien qu'ils faisaient pâle figure et ce n'était certainement pas eux que l'on aurait retenu pour de potentiels coups d'éclat, de véritables morceaux de bravoure. Toutefois, ils combattirent vaillamment et, dans le silence gelé de l'espace, la moitié des employés de Xantios, ainsi que son frère, perdirent la vie, pour donner à Shepard le temps dont il avait besoin.

C'est avec désespoir -et un soupçon de rage- qu'il vit ses congénères se faire remettre une médaille à titre posthume pour les oublier aussitôt, louant uniquement l'héroïsme de Thane Krios pour avoir sauver le conseiller Galarien. On aurait dû composer des chants à leur mémoire pour saluer leur sacrifice, eux, simples citoyens investis par le devoir de protéger la Galaxie au détriment de leur propre vie ! Mais l'on préférait retenir ce que la Galaxie aimait le plus : le potentiel meurtrier révélé des Drells.

Les découvertes durant la Grande Guerre vis-à-vis des Prothéens auraient pu altérer sa foi, mais il fallut attendre quelques mois après la fin des hostilités pour que celle-ci prenne un coup duquel elle ne se relèverait jamais. Malgré le fait que son entreprise n'était plus que l'ombre de ce qu'elle avait été avant le conflit contre les Moissonneurs, Xantios avait gardé de nombreux contacts avec ses anciens collègues de divers spatioports. Et un jour, une information tomba : Javik allait venir sur Kahjé. Javik, le Prothéen. Peut-être le dernier de sa race. Combien d'autres chances le Drell aurait-il de rencontrer un tel être ? Aucune, assurément. Ainsi, il attendit que celui qu'il prenait pour un dieu ne se montre. Et quand ce moment arriva, il eut une longue discussion avec lui. Très longue. Au calme, loin de l'attention de tout Drell et de tout Hanari pouvant les perturber.

La foi de Las se dissipa à la vue de celui qu'il idolâtrait. Loin de ce qu'il imaginait, le Prothéen n'était certes pas un être divin aux pouvoirs incommensurables. C'était juste une personne perdue, unique survivant d'une race légendaire sans qui ce cycle n'aurait pu survivre. Il est difficile de décrire le degré d'émotions que connut Xantios à ce moment-là et il n'est pas rare que, dans un moment d'égarement propre aux siens, il en vienne à revivre cet instant. Cet instant où une autre vérité s'est imposée à lui, placardant l'ancienne. Certaines races ne sont pas conçues pour survivre à un tel revirement. Mais pas les Drells. Les Drells sont les maîtres de l'adaptation. Les Drells sont les rois de la survie. Les Drells sont puissants, fiers, admirables.
Les Drells devaient forger leur propre histoire.

Fort de cette rencontre, Xantios devint l'un des acteurs de la formation de la Cohésion Drell et, au vu de son passé et de son caractère, c'est presque naturellement qu'on lui proposa le poste de Haut Emissaire, celui chargé des relations intergalactiques. A l'aise avec à peu près n'importe qui, véritable caméléon, il prend sa tâche très au sérieux. Pour lui, l'indépendance de sa race doit se gagner rapidement. Il ne veut pas se détacher des Hanaris, bien sûr, envers qui le peuple Drell aura une dette éternelle. Mais pour renforcer cette amitié, la sublimer, ses congénères doivent gagner l'indépendance. Et cela passe par une nouvelle planète. Et quel monde, mieux que Rakhana, peut-être le symbole de l'indépendance et de l'unité pour eux ?



Xantios est un Drell, tout ce qu'il y a de plus commun. A la petite spécificité que sa peau est noire, avec des nuances de gris. Rien de raciste là-dedans, mais cette teinte d'écailles est assez rare chez son peuple, probablement due à une mutation ponctuelle n'ayant rien à voir avec le patrimoine génétique de ses parents, qui arboraient pour l'une un vert feuille lui donnant un côté vivant, et pour l'autre un bleu clair -sans être ciel- des plus brillants.

Contrairement à certains membres de son espèce, ses iris ne sont pas de la même couleur que sa sclère, si bien que l'on n'a pas cette impression de se noyer dans son regard quand on le fixe -ce qui peut perturber certaines personnes, quand elles font face à des abysses totales-. Ses yeux sont donc d'un vert tranchant, presque aussi agréable que celui du derme de sa défunte mère.

Cela étant dit, Xantios est un Drell lambda, ni petit, ni grand. Il n'a jamais été un adepte du sport à outrance et, s'il lui arrive de courir ou de pratiquer un sport de combat, ainsi que de faire des étirements quotidiens, pour garder la forme, il n'est pas taillé comme un membre du Synacte. Il surpassera, en revanche, n'importe quel humain normalement constitué, car ainsi sont faits les Drells. Il sera, en revanche, écrabouillé par un Krogan. Mais est-ce vraiment un problème, dans la mesure où les seuls combats qu'ils mènent, sont ceux des mots ?

Mis à part cela, il a tendance à soigner ses goûts vestimentaires. Politique qui veut devenir la tête du mouvement pour l'indépendance de la Cohésion, ainsi que de la reconquête de Rakhana, il lui semble logique de devoir faire bonne impression face aux autres, pour pouvoir acquérir plus de sympathie et avoir un charisme certain, qui se ressent déjà rien que dans sa voix profonde et sa façon de parler, pouvant tout aussi bien faire preuve de l'immense respect dont sont capables les Drells comme de la vulgarité dont les Krogans en rut ont le secret. Mais autant metre toutes les chances de son côté, non ?



La première chose à savoir sur ce Drell, c'est que son monde, qui était basé sur la foi des Hanaris, les Porte-Flammes et les Prothéens, a basculé au cours de la Grande Guerre. Cela ne l'a pas détruit, juste fondamentalement changé. S'il était autrefois un fervent croyant, sa façon de penser a été radicalement modifiée au fil des découvertes qu'ont réalisé les différents peuples, au travers de la Galaxie, sur les Prothéens. Loin d'être des créateurs à la puissance quasi-divine, ces derniers ont été balayés par les Moissonneurs, livrant courageusement bataille, mais n'étant que de simples êtres à la merci d'une force infiniment supérieure.

Aujourd'hui, Xantios a bien compris que cette vision des choses est dépassée. Il pratique toujours certains rituels, par nostalgie, mais également car ceux-ci lui permettent une paix intérieure des plus reposantes. Il est des Drells qui veulent le progrès, l'indépendance. Bien sûr, il reste toujours lié aux Hanaris, qui étaient persuadés de détenir la vérité, une vérité qui lui a permis la tranquilité de l'esprit des années durant, et pour cela, il ne peut les détester. Si on omet que ce peuple a sauvé le sien, en plus de cela. Conscient que lui et ses congénères auront toujours une dette envers les êtres de l'eau, il veut tout de même permettre l'émancipation de la Cohésion Drell. Et, pour lui, c'est une évidence : cela passera par la reconquête, l'assainissement et la recolonisation de Rakhana. Bien sûr, d'autres détails entreront en compte, mais avoir une terre bien à eux sera un bon départ pour se reconstruire : c'est indéniable.

Ainsi, Xantios est le Haut Emissaire. Il prend sa tâche très à coeur. S'il n'est pas rebuté à l'idée de rencontrer d'autres espèces, la sienne et les Hanaris seront toujours prioritaires. Même si on venait à lui annoncer que les Moissonneurs reviennent détruire la Galaxie, s'il peut mettre de manière égoïste son peuple en sécurité, il le fera sans ciller, et supportera le poids de milliards de morts sans hésiter. Non sans remords, mais, en tout cas, sans hésiter. La mort de ses semblables durant la Grande Guerre, leurs souffrances à cause du Syndrome de Kepral, la lente et douloureuse disparition de Rakhana... Tout ceci, c'est déjà bien trop de fléaux qu'ont subi les Drells. S'il peut y mettre un terme, ça ne sera que justice.